Les frises à incrustations

L’abside et deux travées du chœur se distinguent par deux frises planes, à fond incrusté de ciment rouge à brun, constituées par un assemblage de petits panneaux réalisés manifestement en atelier, avant leur pose sur les murs. Le bandeau inférieur est placé au sommet du « dossier » du banc presbytéral ; l’autre se trouve au-dessus du triforium ; un troisième a été peint, comme en trompe-l’œil, sous le triforium. Le matériau est en marbre blanc, le dessin gravé est raffiné. Les motifs donnent l’impression d’une inspiration libre et ouverte, qui s’allie avec le souci de la symétrie.

Cette ornementation caractérise un faciès de l’art rhodanien (à la cathédrale de Lyon ; à l’église abbatiale de Saint-André-le-Bas et à la cathédrale de Vienne) et se manifeste au cours d’un laps de temps très court. Elle se rattache ici à une esthétique romane tardive qui s’est prolongée au-delà de 1200, lorsque l’évêque Jean de Bernin fit reprendre les travaux pour construire un nouveau chœur. L’atelier de sculpture qui a pratiqué cette technique décorative devait connaître les décors qui étaient déjà en place dans le sanctuaire de la cathédrale Saint-Jean à Lyon ; bien des parallèles et des rapprochements peuvent être faits entre les frises de ces deux édifices.

 

Fantaisie et diversité

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Aux motifs décoratifs ou géométriques sont associés des motifs figurés. Rinceaux, palmes ou feuillages, font cohabiter, tantôt en haut, tantôt dans le méandre inférieur dessiné par le rinceau, des têtes humaines, des têtes animales ou des animaux fantastiques. Des cadres rectangulaires ou circulaires enferment ici des combats de centaures archers affrontés entre jeunes et vieux, là des dragons ailés à queue serpentiforme (inscrits dans des cercles tangents). Ailleurs ce sont des lions affrontés qui occupent un champ peuplé de végétaux aux lignes très souples... Dans la partie centrale de l’abside, alternent des effigies royales et épiscopales, qui sont logées dans des arcatures trilobées juste au-dessus du trône de l’archevêque.

Sur la frise inférieure on remarque la présence de têtes bicéphales ou tricéphales : jeu et fantaisie d’artiste, à l’instar d’autres “portraits” individualisés par des détails physionomiques.

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