Le vitrail le plus ancien conservé

Présentée comme la verrière la plus ancienne elle a pour thème l’Adoration des Mages ; sa commande doit faire partie des initiatives prises par les chanoines pour remeubler la cathédrale et effacer les traces des saccages dont les protestants avaient été responsables quelques dans la décennie de 1560.

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Le vitrail fut installé dans la chapelle Saint-Jacques, à l’extrémité orientale du collatéral sud. Les scènes figurées se développent en largeur sur les trois lancettes et se composent de deux registres superposés.

La partie inférieure est réservée aux patrons de la cathédrale (à gauche : saint Maurice avec son étendard),  et de la chapelle (à droite :  saint Jacques) encadrant le donateur du vitrail (au centre), Antoine Putod présenté par son saint patron, l’ermite saint Antoine. Au-dessus, séparé par un entablement (avec les écus armoriés des familles du donateur), figure l’arrivée des Rois mages à Bethléem. Les ruines d’un portique à l’antique forment l’arrière-plan de cette scène au-delà de laquelle on entrevoit la silhouette de monuments romains ; ces citations figurées renvoient à l’image de la fin des temps païens abolis par la venue du Christ. Au-dessus, dans la lancette centrale, deux bergers, deux anges et l’étoile, sont un raccourci de la scène de l’Annonce aux bergers.

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Détail : l'Adoration des Mages 

La date de ce vitrail, plusieurs fois restauré, pose problème. Traditionnellement et d'après le style ou des données historiques les historiens l'attribuent au XVIe siècle (soit avant les troubles civils des guerres de Religion, soit à la fin du siècle). Mais en 1761, l'historien viennois Claude Charvet, prêtre et archidiacre de la cathédrale, qui avait alors accès à toutes les archives épiscopales, écrit un ouvrage sur l'Histoire de la Sainte Église de Vienne ;  à la fin de son article consacré à  l'archevêque Henri de Villars, il signale les "réparations" à la cathédrale faites pendant son épiscopat  (1662 - 1693) : "M.  Putod [chanoine] (...) fit faire le beau vitrail de la chapelle de s. Jacques, où il est représenté ayant devant lui s. Maurice et derrière lui s. Antoine son patron". La crédibilité des travaux historiques de C. Charvet plaiderait donc pour une révision de la datation traditionnelle, sauf si l'on admet qu'une distraction ait pu l'entraîner dans une erreur d'un siècle !