Saint Maurice

Soldat d'Egypte, martyr 

Saint Maurice était un officier principal d’une légion formée en Egypte, en Thébaïde, d’où le nom de légion thébaine. Vers 286, celle-ci fut envoyée en renfort en Gaule, où le co-empereur Maximien était employé à briser des mouvements de brigandage et devait répondre aux menaces des barbares dans les régions rhénanes. Les Thébains avaient affiché leur foi chrétienne (ils auraient été baptisés à Jérusalem), en refusant de sacrifier aux dieux païens, ou selon une autre version en ayant refusé de tuer leurs coreligionnaires. Ce refus d’obéissance à l’empereur décida de leur extermination, soit plus de 6000 hommes, massacrés dans le Valais à Agaune. C’est là qu’eut lieu la découverte de leurs reliques à la fin du IVe siècle ; leur “invention” est attribuée à l’évêque Théodore d’Octodurus (= Martigny). Peu d’années s’écoulent ensuite avant l’attestation d’un culte en l’honneur de ces martyrs, à Agaune.

Un sanctuaire y existait déjà au Ve siècle. L’année 515 en marque la refondation. Les modalités en furent définies lors d’un concile d’évêques réunis par Sigismond (fils du roi burgonde Gondebaud), qui venait de se convertir à l’orthodoxie chrétienne, et en présence de l’évêque métropolitain Avit de Vienne. Une communauté monastique y fut établie, constituée par l’apport de moines venus de différents monastères du royaume burgonde ; c’est ainsi que les monastères griniens de Vienne furent mis à contribution, et que le premier abbé fut viennois. Ces moines avaient pour seule vocation de célébrer une louange perpétuelle à Dieu, accessible aussi aux fidèles. Le 22 septembre 515, jour de la fête de saint Maurice, eut lieu la célébration de cette fondation, illustrée par une homélie de l’évêque viennois.

Malgré cet antécédent, il faut attendre le début du VIIIe siècle pour voir le culte de saint Maurice et de ses compagnons prendre racine à Vienne, grâce à l’introduction de reliques des martyrs thébains déposées dans un oratoire en forme de crypte. Alors même qu’il s’était déjà diffusé depuis la Bourgogne dans les pays francs. 

La cathédrale dans la cité

Les transformations qui ont affecté le bâti urbain font qu’on a peine aujourd’hui à imaginer que, jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, la cathédrale était au cœur d’un vaste quartier, enclos, formant le grand cloître où se serraient les maisons des chanoines et le palais épiscopal. Elle était aussi l’édifice le plus important du groupe épiscopal qui s’est constitué peu à peu à partir de la fin de l’Antiquité (baptistère) et au Haut Moyen Age (oratoire ou crypte des reliques de Saint-Maurice, chapelle Notre-Dame) ; le défaut de preuves archéologiques avérées, au nord de la cathédrale (place Saint-Paul actuelle), limite notre connaissance sur l’évolution et la morphologie de ces édifices.  

En relation avec les aléas politiques entre la fin du IXe siècle et le début du Xe siècle, le groupe épiscopal a même joué le rôle de nécropole royale. En effet le roi éphémère Boson (879-882), les souverains du royaume de Bourgogne Conrad (945-993) et Rodolphe III (993-1032) font bénéficier l’Église de Vienne de leur mécénat, de leurs faveurs et de leurs bienfaits. Cette situation privilégiée légitime le choix de la cathédrale ou de ses chapelles annexes comme lieu de sépultures pour eux-mêmes ou leurs épouses : Boson et son épouse la reine Ermengarde, la reine Mathilde (épouse de Conrad) et sa belle-fille Ermengarde (épouse de Rodolphe III). Ne reste aujourd’hui plus que le souvenir de ces inhumations royales dans l’historiographie, ou la mémoire dans l’inscription funéraire de Boson (copie du XIIIe siècle, dans la cathédrale).